• Un encadrement scientifique doit rendre les coureurs de la poursuite par équipes plus rapide


    20 janvier 2020
    #piste

Seul le collectif compte”

Mai 2019. Le vent de Tokyo souffle sur le centre cycliste Eddy Merckx. Annelies Dom et Lotte Kopecky enchaînent les tours de pistes. Aucun effort de longue durée, ce n’est pas l’objectif aujourd’hui. Parce que le travail est axé sur la position optimale des deux dames sur leur vélo, les deux sportives sont les membres éminentes de la formation qui brille en poursuite par équipe et qui a une chance de se qualifier pour les Jeux Olympiques. C’est un jeu continu de réglages, d’efforts, de mesure et d’évaluation. L’entraîneur national Peter Pieters aime cette manière de travailler: “L’encadrement scientifique est nécessaire si vous voulez faire des progrès”

Les scientifiques Erwin Koninckx et Jan Vancompernolle évaluent les données qui abondent des appareils de mesure et font les ajustements nécessaires. Une consultation constante a lieu entre l’entraîneur national Peter Pieters et les coureurs présents. Objectif ultime : améliorer continuellement l’équipe et rendre la poursuite par équipe encore plus rapide.

Erwin Koninckx : “Nous travaillons continuellement sur l’amélioration de la position des coureurs sur le vélo. En tenant compte du fait qu’ils sont quatre en action en même temps.”

Comment cela se passe-t-il concrètement ?

Jan Vancompernolle: “Nous travaillons avec un appareil de mesure. Il nous transmet en direct un nombre de données. Ainsi, nous mesurons la densité de l’air, la température et l’humidité. En même temps, nous contrôlons la puissance et la vitesse. Grâce à ces données, nous cherchons la position idéale sur le vélo.

C’est donc une recherche constante de l’équilibre parfait entre une vitesse accrue et le confort de l’athlète?

Erwin Koninckx: “Quand il s’agit de la position optimale sur le vélo en fonction de la poursuite par équipe, il y a un tas de choses qu’il ne faut pas perdre de vue. Le confort est dans une moindre mesure important. Parce que l’effort est relativement court. Le coureur n’est sur le vélo que pendant un peu plus de quatre minutes. Ce dont il faut tenir compte c’est la réponse à la question : de quelle manière il faut apporter de la force et de la puissance sur le vélo pendant qu’on – littéralement dans ce cas – lutte contre l’environnement. Ce sont des éléments que tu dois mettre dans la balance. Plier quelqu’un presque littéralement en deux est la position dans laquelle on se heurte le moins possible à la pression de l’air, mais cela va aussi au détriment de la force qu’on peut mettre sur le vélo. C’est donc la recherche d’un équilibre.”

Peter Pieters: “Il ne faut pas sous-estimer le confort. Sur les vélos de nos jours, ce n’est pas une option. Pour paraphraser les morts d’un de mes anciens directeurs sportifs : celui qui veut se sentir à l’aise sur sa machine, doit s’asseoir dans son fauteuil devant la télévision. Quand la position sur le vélo d’un coureur et de l’équipe s’améliore et que cela n’entraine pas de blessure de l’athlète, alors je suis déjà très content.

Une journée d’entraînement que vous consacrez spécifiquement à l’amélioration de votre position sur le vélo, qu’est-ce que cela rapporte, en terme de pourcentage, en gains ?

Jan Vancompernolle: «Cela dépend d’une personne à une autre. Parce qu’il arrive parfois qu’il y a peu à corriger, car la position naturelle sur le vélo est bonne. Bien que j’ai connu en même temps des athlètes qui ont engrangé d’un coup vingt watts tout simplement parce que la position sur la machine a été modifiée. Néanmoins, il est bien sûr vrai que vous ne faites pas nécessairement de profit sur le plan personnel alors que l’équipe dans son ensemble progresse parce que quelque chose change sur la position d’un individu. Nous essayons parfois de positionner quelqu’un qui est petit et bas sur le vélo un peu plus haut, afin que les coureurs qui se situent avant et après cet athlète puissent bénéficier de l’aspiration de l’air »

L’intérêt de l’équipe prime?

Erwin Koninckx: «C’est notre plus grande préoccupation, c’est vrai. Nous avons dressé bien à l’avance les caractéristiques des candidats pour la poursuite par équipe. Nous recherchons le meilleur profil pour quatre coureurs bien alignés. Parce que il n’y a jamais sur la piste avec quatre athlètes identiques. Comme je l’ai déjà dit : nous essayons de remonter la selle des coureurs les plus petits. Avec de plus grands athlètes, nous travaillons sur l’aérodynamisme. Une poursuite par équipe, ce n’est pas la somme de quatre coureurs qui sont chacun dans la meilleure position pour eux-mêmes.”

Déterminez-vous également l’ordre des coureurs, ou est-ce le travail de l’entraîneur?

Jan Vancompernolle: «Cela se fait en concertation. Bien que l’entraîneur ait toujours le dernier mot.

Parce qu’il ne s’agit pas seulement d’être un coureur fort. En poursuite par équipe, cela revient à un être un bon coureur performant dans une groupe.”

Les tests sur la position spécifique, est-ce une chose ponctuelle? Ou est-ce répété à des moments fixes?

Erwin Koninckx: «La façon dont nous essayons d’améliorer la position des cyclistes sur leurs vélos est triple.

D’une part, nous faisons une évaluation du cycliste que nous avons devant nous. Qu’est-ce que pourrait donner sa position idéale sur le vélo? Ensuite, cette théorie est testée pour la première fois en pratique. Et puis ils ont un peu de temps pour s’entraîner, pour s’habituer à cette nouvelle position. Puis suit une phase de mise au point, en concertation avec l’athlète. Ensuite, tout est intégré dans l’ensemble de l’équipe. La phase finale est une évaluation de l’amélioration du collectif.”

Jan Vancompernolle: «Une fois que la sélection pour les Jeux sera vraiment claire, il y aura un travail intensif sur l’aérodynamisme avec toute l’équipe. “

Erwin Koninckx: “Avec les moyens dont nous disposons maintenant, il est plus facile de mieux comprendre la façon dont les coureurs roulent sur la piste. L’efficacité avec laquelle un cycliste fonctionne était beaucoup plus difficile à mesurer par le passé. C’est désormais beaucoup plus facile à régler.”

Les coureurs attendent-ils avec impatience une telle journée de test?

Peter Pieters : “Pas vraiment, non. Mais si vous voulez progresser, il ne peut en être autrement. Ça coûte énormément de temps et d’efforts pour gagner un dixième de seconde sur un tour. Si vous pouvez enchaîner ça sur les seize tours, vous gagnez donc plus d’une seconde. Ce ne sont pas les meilleurs moments pour un coureur. Vous devez demander de la patience aux athlètes qui ne veulent rien faire de plus que simplement rouler aussi vite que possible. Mais en même temps, ces jours-là sont comme des repères. Vous pouvez voir comment va tout le monde.”

La science ne s’arrête pas. Est-ce que cela fonctionne maintenant d’une manière différente si vous comparez cela avec il y a environ trois ou quatre ans?

Peter Pieters: « Cette tendance existe depuis un certain temps. Chez Belgian Cycling, nous sommes désormais pleinement dedans. Il a fallu un certain temps pour amener les bonnes personnes au bon endroit, pour rassembler le savoir-faire et pour pouvoir le faire. Dans le passé, vous deviez embaucher des étrangers, mais maintenant nous pouvons le faire nous-mêmes. Autant les coureurs que moi-même étions déjà depuis un moment en faveur de cette évolution et c’est super de voir le train sur les bons rails.”

Les scientifiques apportent les pièces et l’entraîneur national est l’homme qui assemblent les pièces : est-ce la bonne analyse?

Peter Pieters: « La position parfaite est une chose. La coordination de l’équipe en est une autre Pour l’estimer, vous avez besoin d’une bonne paire d’yeux. Et beaucoup d’expérience. Vous êtes en dialogue avec le coureur, vous cherchez le meilleur résultat final ensemble. Vous alignez tout le monde dans sa meilleure position. Les démarreurs rapides s’occupent de la phase initiale, celui qui est traditionnellement bon dans la phase finale, prend à sa charge les derniers tours. Quatre coureurs égaux, de la même taille et avec les mêmes qualités physiques: c’est bien sûr le scénario rêvé pour chaque coach. Mais réaliser cet objectif en Belgique ne fonctionne tout simplement pas. Nous n’avons pas assez de coureurs pour ça. Mais même dans ces circonstances, les choses vont bien pour le moment. Nous continuons d’évoluer, et c’est positif.”

Texte: Guy Vermeiren
Traduction: James Odvart
Photos et video: Facepeeters

Recent

  • #route

    Pour tous les goûts

    12 mai 2022
    Lotto Coupe de Belgique Élites 2 et U23 Ceux qui visent le top absolu auprès des espoirs, trouveront leur bonheur...
  • #route

    Destinée aux athlètes multidisciplinaires

    05 mai 2022
    La Lotto Coupe de Belgique pour juniors comprend quatre disciplines cyclistes Les jeunes apprennent vite; il n’est donc pas étonnant...
  • #Nouvelles

    Une course plus chouette pour tous

    03 mai 2022
    Les Women Cycling Series offrent des opportunités aux coureurs et équipes juste en dessous du plus haut niveau Quid si...
Menu