- 29 décembre 2020#piste
Les pistiers ne laissent rien au hasard en vue des Jeux Olympiques
La soufflerie du Flanders’ Bike Valley a récemment reçu une visite prestigieuse. Les sept pistiers qui peuvent clairement rêver d’un billet pour les Jeux Olympiques sont à la recherche d’une meilleure position. Littéralement dans ce cas. Parce que si le sport de haut niveau tourne autour des « gains marginaux », alors il est déterminant de savoir comment tirer le meilleur rendement de la force exercée sur les pédales.
L’analyste de la performance, Jan Vancompernolle, et le coordinateur des entrainements, Erwin Koninckx, ont accompagné Shari Bossuyt, Lotte Kopecky, Jolien D’hoore, Fabio Van den Bossche, Robbe Ghys, Lindsay De Vylder et Kenny De Ketele lors des essais en soufflerie. Une fois les données recueillies, l’athlète et l’entraîneur s’entretiennent. Et si nécessaire, il y a ajustement de la position du coureur sur la machine. Cette série d’essais a eu lieu en gardant à l’esprit comme objectif la Madison aux Jeux Olympiques de Tokyo.
Les premiers essais de ce long processus ont eu lieu il y a quelques temps sur la piste du Centre cycliste Eddy Merckx à Gand, et ce, dans le but de trouver l’équilibre entre l’aérodynamisme et le confort, sur base d’un nombre important de tests de changement de position. Erwin Koninckx : « Avec les choses que nous avons apprises là-bas, nous sommes allés en soufflerie. Comme test décisif, pour ainsi dire. Parce que vous pouvez sentir que vous êtes plus à l’aise sur la machine dans une certaine position, mais si cela va au détriment du rendement des efforts réalisés, alors là bien sûr il y a un problème. »
“A la recherche d’un équilibre”
La résistance à l’air n’était pas le seul paramètre à prendre en compte. Ce changement de position doit bien sûr également rester en conformité avec les règlements UCI en ce qui concerne la structure d’un vélo. « C’est la recherche constante d’un équilibre », précise Koninckx. « Parce qu’il y a aussi des facteurs qui jouent un rôle, tels que l’agilité et la capacité de jugement – dans une Madison, il faut littéralement avoir une vision claire des événements. »
Ce qui se dégage finalement, c’est un compromis, une position qui répond le mieux à toutes les conditions possibles pour être en mesure de se projeter pleinement dans une Madison. De plus, il arrive parfois que le résultat final soit très différent de la position que les coureurs ont prise durant toute leur carrière. « Surtout les athlètes qui aiment s’asseoir sur leurs vélos les bras tendus, profonds et bas, sont particulièrement choqués quand on leur dit qu’en principe, il pourrait être tellement mieux sur un plan aérodynamique en relevant leur guidon et en apprenant à rouler les bras pliés. »
Ensuite, c’est au coordinateur des entrainements, à l’analyste de la performance et au coach d’essayer de faire accepter le changment au coureur. Parfois, cela fonctionne tout de suite, mais parfois c’est plus difficile. « Si quelqu’un est vraiment fixé sur l’idée que cela ne peut fonctionner que de la façon dont cela a toujours été fait pour lui dans le passé, alors bien sûr, il campe sur sa position. Nous ne pouvons fournir des choses que sur la base de faits et de chiffres, mais bien sûr la décision finale revient au coureur. »
« De Ketele accueille tout avec enthousiasme »
Sur ce point, Erwin Koninckx est satisfait de la réponse enthousiaste qu’il a reçue de Kenny De Ketele. Le vétéran (35 ans) de la sélection est immédiatement apparu comme l’élève le plus assidu de la classe. « Cela m’a vraiment plu », dit Erwin Koninckx. « Parce que Kenny est un gars dont les jeunes s’inspirent. Il est donc très important qu’il accueille avec beaucoup d’empressement les nouvelles choses que nous offrons. Si un coureur de son statut considérerait tout cela comme des broutilles alors vous avez un problème. Mais maintenant, il entraîne les autres dans son enthousiasme.
« Un nouveau monde s’ouvre »
Le mot « enthousiasme » est un euphémisme, semble-t-il. Parce que, de sa visite en soufflerie, De Ketele est ressorti avec « la motivation et l’enthousiasme d’un débutant ». « Un nouveau monde s’est ouvert pour moi », confie-t-il. « Une telle session en soufflerie dure normalement un certain nombre d’heures, décomposées en morceaux de mesure successifs de plusieurs minutes. Pas à pas, de nouvelles choses sont testées. Chaussures, casque, position de selle et de guidon,… Tout est scruté en détails dans un environnement en constante évolution. Mais au fil du temps, vous avez froid, vos muscles se raidissent et votre selle bouge. On m’a dit qu’il y a pas mal de coureurs qui prennent parfois plus de repos dans ces circonstances. Mais j’étais si impatient et si désireux d’apprendre que j’ai tout fait d’un coup. »
La nouvelle connaissance de Kenny De Ketele de ce passage en soufflerie le laisse bouche bée. « Sans entrer trop dans les détails: si j’arrive à maitriser cette nouvelle position, je vais faire un profit de plus de 10 pour cent. À ce niveau, c’est énorme. En début année, aux Championnats du monde de Berlin, j’ai terminé cinquième avec Robbe Ghys. J’ai pris cette position assise comme position de départ. À partir de là, nous avons commencé à bricoler. Et le résultat final était à couper le souffle, je peux vous l’assurer. »
« Se défaire des vieilles habitudes »
Comme c’est souvent le cas, cependant, il y a un écart entre la théorie et la pratique. « Les vieilles habitudes ont la vie dure », en particulier pour un vétéran ayant participé à de nombreuses batailles « Ce sera le plus grand défi », convient Kenny De Ketele. « Je sais déjà que j’ai souvent le réflexe de retomber dans cette ancienne position. J’espère pouvoir impliquer un certain nombre de personnes qui m’alerteront constamment lors de séances d’entraînement ou de compétitions. En criant un mot clé par exemple, car il le faut. Parce que je ne peux pas laisser passer l’occasion d’être plus rapide sans avoir à devenir plus fort. »
Est-il important pour Kenny De Ketele que les deux coureurs qui participent à la Madison adoptent le même schéma aérodynamique ? « Ce serait utile, mais ce n’est pas une nécessité absolue. Si les transitions n’en souffrent pas, du moins. Les coureurs belges sont techniquement parmi les athlètes les plus habiles de la Madison. Nous ne devons en aucun cas perdre cet avantage. »
Texte: Guy Vermeiren
Traduction : James Odvart
Photos: Bioracer – Mandy Louwet
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